Projet d’histoire orale sur l’expérience du « chant intérieur »

Thèse : interviewer des musiciens est une pratique nécessaire pour comprendre ce qu’est le chant intérieur

Pourquoi : la compréhension du phénomène se fait par l’analyse du récit de celui qui en fait l’expérience à la première personne, de celui à qui il apparaît ; la multiplicité des points de vue est nécessaire pour pouvoir dégager les structures essentielles de l’objet et distinguer ce qui est de l’ordre de l’expérience propre au musicien, et ce qui est de l’ordre de l’expérience générale du phénomène.

En quoi mon projet est différent de ce qui existe déjà en « histoire orale » : en général les musiciens sont interviewés sur leur carrière, ou sur leur personne (goûts, idées, groupe social, etc.) ; ce qui m’intéresse c’est, à travers le musicien, comprendre l’expérience intime de la musique, et plus spécifiquement l’expérience du chant intérieur.

Quel est l’apport des témoignages dans le domaine de la pratique musicale : porte d’entrée dans le monde intime de la pratique musicale de musiciens autres que soi lorsqu’on est soi-même praticien, les entretiens peuvent aussi faire découvrir un monde auquel des non musiciens n’auraient pas accès.

Qu’est-ce que cela implique sur la catégorie de musiciens sélectionnés : je ne cherche pas à interroger un type particulier de musicien, au contraire, plus grande sera la variété d’expériences possibles, plus ce sera intéressant. Par conséquent :

  • je ne m’intéresse pas à l’expérience d’un certain type de musique en particulier (le musicien de jazz, le musicien classique etc…) ;
  • je ne m’intéresse pas à un certain type de pratique musicale en particulier (l’interprétation, ou l’improvisation, ou la composition) ;
  • je ne m’intéresse pas à un certain niveau de pratique en particulier (musicien professionnel, musicien amateur) ;
  • je ne m’intéresse pas à un certain type de tradition en particulier (tradition orale, tradition occidentale etc.).

Qu’est-ce que cela implique sur le plan de la forme du discours : dans la mesure où il s’agit d’avoir accès à une expérience intime, il est d’autant plus important de créer un climat de confiance dès les premières minutes.

  • Je me présente donc comme praticienne de la musique (violoncelle et chœurs) cherchant à comprendre une expérience que je partage;
  • J’utilise le plus possible la langue maternelle de mon interlocuteur (anglais, français, italien, allemand…)
  • Je prends des notes et enregistre mais essaye de conserver une atmosphère détendue propice aux confidences (cafés, salle de répétition du musicien, sa maison etc.)

Qu’est-ce que cela implique sur le plan de la retranscription du discours : lorsque je retranscris l’entretien je fais un tri des informations.

  • Je ne conserve pas ce que le musicien ne veut pas voir (par exemple des jugements posés sur certaines musiques, personnes…) ;
  • je ne conserve pas non plus ce qui n’est pas lié à l’expérience propre de la musique ;
  • je peux me permettre de modifier la tonalité du discours pour rendre l’entretien accessible dans la mesure où, ce qui m’intéresse, c’est le phénomène à travers la personne ;
  • j’ajoute des références musicales lorsque c’est pertinent vis-à-vis du discours.

Qu’est-ce que cela implique sur le plan de l’organisation de l’archive en ligne : les entretiens sont classés par ordre chronologique (le plus ancien en bas), mais surtout par catégories d’instruments (cordes, vents, etc.).

Quelles sont les dépenses occasionnées : le prix du site (abonnement, gestion, travail de Benoît), le prix du travail de transcription et d’édition du texte lorsque ce n’est pas en français (Anna, Joel, Eili).