Cours de philosophie en ligne du CETAD
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IRÉNÉE DE LYON
Valentin et Ellen Davydov

SEMAINE 4
Si tu es l’ouvrage de Dieu, attends tout de sa main : livre-toi à Celui qui peut te modeler et qui fais bien toutes choses et reçois en toi la forme que le Maître Ouvrier veux te donner. Garde en toi cette humilité qui vient de la grâce, de peur que ta rudesse n’empêche le Seigneur d’imprimer en toi la marque de son doigt. C’est en recevant cette empreinte que tu deviendras parfait, et seul le Seigneur pourra faire une œuvre d’art avec cette pauvre argile que tu es. En effet, faire est le propre de la bonté de Dieu et Le laisser faire, c’est le rôle qui convient à ta nature d’homme. Amen. |
L’Église une, sainte, catholique et apostolique
Question générale de la semaine Que signifie pour Irénée le caractère apostolique de l’Eglise ? |
Textes de la semaine
Texte 1 – La Tradition apostolique de l’Eglise : Adversus Haereses III, 3, 1-2-3

La tradition des Apôtres, qui a été manifestée dans le monde entier, peut être perçue en toute Eglise par tous ceux qui veulent voir la vérité. Et nous pourrions énumérer les évêques qui furent établis par les Apôtres dans les Eglises jusqu’à nous. Or ils n’y ont rien enseigné ni connu qui ressemblent aux imaginations délirantes de ces gens-là (les hérétiques qui prétendent que seuls peuvent être sauvés ceux qui ont été initiés à des doctrines secrètes). Si pourtant les Apôtres avaient connu des mystères secrets à enseigner aux parfaits, à part et à l’insu des autres, c’est bien avant tout à ceux à qui ils confiaient les Eglises elles-mêmes qu’ils auraient transmis ces mystères. Car ils voulaient que fussent absolument parfaits et en tout point irréprochables ceux qu’ils laissaient pour successeurs et à qui ils transmettaient leur mission d’enseignement : si ces hommes s’acquittaient correctement de leur charge, ce serait un grand profit, tandis que, s’ils venaient à faillir, ce serait le pire malheur.
Mais comme il serait trop long, dans un ouvrage comme celui-ci, d’énumérer les successions de toutes les Eglises, nous prendrons seulement l’une d’entre elles, l’Eglise très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres , Pierre et Paul, fondèrent et établirent à Rome ; en montrant que le tradition qu’elle tient des apôtres et la foi qu’elle annonce aux hommes sont parvenues jusqu’à nous par des successions d’évêques, nous confondrons tous ceux qui, de quelque manière que ce soit, ou par infatuation, ou par une vaine gloire, ou par aveuglement et erreur doctrinale, constituent des groupes illégitimes : car avec cette Eglise, en raison de son origine plus excellente, doit nécessairement s’accorder toute Eglise, c’est-à-dire les fidèles de partout, — elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout, a été conservée la Tradition qui vient des apôtres.
Donc, après avoir fondé et édifié l’Eglise, les bienheureux apôtres remirent à Lin la charge de l’épiscopat ; c’est de ce Lin que Paul fait mention dans les épîtres à Timothée. Anaclet lui succède. Après lui, en troisième lieu à partir des apôtres, l’épiscopat échoit à Clément. Il avait vu les apôtres eux-mêmes et avait été en relation avec eux : leur prédication résonnait encore à ses oreilles et leur Tradition était encore devant ses yeux. Il n’était d’ailleurs pas le seul, car il restait encore à cette époque beaucoup de gens qui avaient été instruits par les apôtres. Sous ce Clément, donc, un grave dissentiment se produisit chez les frères de Corinthe ; l’Eglise de Rome adressa alors aux Corinthiens une très importante lettre pour les réconcilier dans la paix, renouveler leur foi et leur annoncer la Tradition qu’elle avait naguère reçue des apôtres, à savoir : un seul Dieu tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre, qui a modelé l’homme, fait venir le déluge, appelé Abraham, fait sortir son peuple de la terre d’Egypte, conversé avec Moïse, donné la Loi, envoyé les prophètes, préparé un feu pour le diable et ses anges. Que ce Dieu-là soit annoncé par les Eglises comme étant le Père de notre Seigneur Jésus Christ, tous ceux qui le veulent peuvent l’apprendre par ce écrit, tout comme ils peuvent connaître par lui la Tradition apostolique de l’Eglise, puisque cette lettre est plus ancienne que les actuels fauteurs d’erreur qui imaginent faussement un autre Dieu au-dessus du Créateur et de l’Auteur de tout ce qui existe. A Clément succède Evariste ; à Evariste, Alexandre ; puis, le sixième à partir des apôtres, Xiste est établi ; après lui, Télesphore, qui rendit glorieusement témoignage ; ensuite Hygin ; ensuite Pie ; après lui Anicet ; Soter ayant succédé à Anicet, c’est maintenant Eleuthère qui en douzième lieu à partir des apôtres, détient la fonction de l’épiscopat. Voilà par quelle suite et quelle succession la Tradition se trouvant dans l’Eglise à partir des apôtres et la prédication de la vérité sont parvenues jusqu’à nous. Et c’est là une preuve très complète qu’elle est une et identique à elle-même, cette foi vivifiante qui, dans l’Eglise depuis les apôtres jusqu’à maintenant s’est conservée et transmise dans la vérité
Questions de la semaine Pourquoi Irénée se refuse-t-il à penser qu’il pourrait y avoir dans l’enseignement de l’Eglise des doctrines réservées à une élite ? Pourquoi l’Eglise de Rome joue-t-elle un rôle particulier ? Quel sens Irénée donne-t-il au mot tradition ? |
Texte 2 – Les données de la foi : Adversus Haereses I, 10, 1-2

L’Eglise, bien que dispersée dans le monde entier jusqu’aux extrémités de la terre, ayant reçu des apôtres et de leurs disciples, la foi en un seul Dieu, Père tout puissant « qui a fait le ciel et la terre et tout ce qu’ils contiennent », et en un seul Christ Jésus, le Fils de Dieu, qui s’est incarné pour notre salut, et en l’Esprit Saint, qui a proclamé par les prophètes les « économies », la venue, la naissance du sein de la Vierge, la passion, la résurrection d’entre les morts et l’enlèvement corporel dans les cieux du bien-aimé Christ Jésus notre Seigneur et sa parousie du haut des cieux dans la gloire du Père, pour « récapituler toutes choses » (Ep1, 6) et ressusciter toute chair de tout le genre humain, afin que devant le Christ Jésus notre Seigneur, notre Dieu, notre Sauveur et notre Roi, selon le bon plaisir du Père invisible, « tout genou fléchisse au ciel, sur terre et dans les enfers et que toute langue » le confesse (Ph.2,10-11) […] ayant donc reçu cette prédication et cette foi, l’Eglise, bien que dispersée dans le monde entier, les garde avec soin, comme n’habitant qu’une seule maison, elle y croit d’une manière identique, comme n’ayant qu’une seule âme et un même cœur, et elle les prêche, les enseigne et les transmet d’une voix unanime, comme ne possédant qu’une seule bouche.
Car si les langues diffèrent à travers le monde, le contenu de la Tradition est un et identique. Et ni les Eglises établies en Germanie n’ont d’autre foi ou d’autre Tradition, ni celles qui sont chez les Ibères, ni celles qui sont chez les Celtes, ni celles de l’Orient, de l’Egypte, de la Libye, ni celles qui sont établies au centre du monde ; mais, de même que le soleil, cette créature de Dieu, est un et identique dans le monde entier, de même cette lumière qu’est la prédication de la vérité brille partout et illumine tous les hommes qui veulent « parvenir à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2, 4). Et ni le plus puissant en discours parmi les chefs des Eglises ne dira autre chose que cela — car personne n’est au-dessus du Maître (Jn 1, 19) — ni celui qui est faible en paroles n’amoindrira cette Tradition : car, la foi étant une et identique, ni celui qui peut en disserter abondamment n’a plus, ni celui qui n’en parle que peu n’a moins.
Questions de la semaine Pour quelle raison Irénée juge-t-il que l’Eglise est habilitée à ‘garder’ l’unité des données de la foi ? En vertu de quoi le contenu de la Tradition est-il ‘un’ ? |
Texte 3 – Unité de la tradition écrite et de la tradition orale : Adversus Haereses III, préliminaire et 1,1-2

Le Seigneur de toutes choses a donné à ses apôtres le pouvoir d’annoncer l’Evangile, et c’est par eux que nous avons connu la vérité, c’est-à-dire l’enseignement du Fils de Dieu. C’est aussi à eux que le Seigneur a dit : « Qui vous écoute m’écoute, et qui vous méprise me méprise et méprise Celui qui m’a envoyé » (Lc10, 16). Car ce n’est pas par d’autres que nous avons connu l’ »économie » de notre salut, mais bien par ceux par qui l’Evangile nous est parvenu. Cet Evangile ils l’ont d’abord prêché ; ensuite, par la volonté de Dieu, ils nous l’ont transmis dans des Ecritures, pour qu’il soit le fondement et la colonne de notre foi.
Car il n’est pas non plus permis de dire qu’ils ont prêché avant d’avoir reçu la connaissance parfaite, comme osent le prétendre certains, qui se targuent d’être les correcteurs des apôtres. En effet, après que Notre Seigneur fut ressuscité d’entre les morts et que les apôtres eurent été, par la venue de l’Esprit Saint, revêtus de la force d’en-haut, ils furent remplis de certitude au sujet de tout et ils possédèrent la connaissance parfaite ; et c’est alors qu’ils s’en allèrent jusqu’aux extrémités de la terre, proclamant la bonne nouvelle des biens qui nous viennent de Dieu et annonçant aux hommes la paix céleste : ils avaient, tous ensemble et chacun pour son compte, l’ « Evangile de Dieu » (Rm1, 1).
Aussi Matthieu publia-t-il chez les Hébreux, dans leur propre langue, une forme écrite d’Evangile, à l’époque où Pierre et Paul évangélisaient Rome et y fondaient l’Eglise. Après la mort de ces derniers, Marc, le disciple et l’interprète de Pierre, nous transmit lui aussi par écrit ce que prêchait Pierre. De son côté, Luc, le compagnon de Paul, consigna en un livre l’Evangile que prêchait celui-ci. Puis Jean, le disciple du Seigneur, celui-là même qui avait reposé sur sa poitrine, publia aussi l’Evangile, tandis qu’il séjournait à Ephèse.
Et tous ceux-là nous ont transmis l’enseignement suivant : un seul Dieu Créateur du ciel et de la terre, qui fut prêché par la Loi et les prophètes, et un seul Christ, Fils de Dieu. Si donc quelqu’un leur refuse son assentiment, il méprise ceux qui ont eu part au Seigneur, méprise aussi le Seigneur lui-même, méprise enfin le Père ; il se condamne lui-même, parce qu’il résiste et s’oppose à son salut, — ce que font précisément tous les hérétiques.
Questions de la semaine 1) Quand est-ce que les apôtres ont reçu la parfaite connaissance selon Irénée ? 2) Comment l’Évangile était-il prêché avant la rédaction du Nouveau Testament ? 3) Quels sont les quatre Évangiles mentionnés par Irénée ? 4) Selon Irénée de Lyon, que rejettent ceux qui refusent la prédication des apôtres et des évêques qu’ils ont ordonnés ? |