Lexique des termes utilisés
Audition intérieure : c’est une possibilité ontologique immédiate, un sens sans organe. Par elle on entend de manière permanente une sorte de toile de fond sonore, mais lorsqu’il y a attention concentrée on dit plutôt qu’on écoute et dans ce cas on fait ressortir une mélodie particulière de ce bruit général.
Chant intérieur : structure de corrélation interne unissant un pôle percevant – l’audition intérieure*, et un pôle perçu – la mélodie intérieure*, médiatisé par la voix intérieure*. Le chant intérieur est issu de la structure de corrélation originelle unissant le sujet et objet dans la mesure où il prend sa source dans la saisie intentionnelle du contenu de la partition par le musicien. C’est donc une structure corrélationnelle seconde.
Déchiffrage : opération de conversion dans l’instant qui déploie trois dimensions : auditive – j’entends le son correspondant, théorique – je sais où se situe la note sur l’instrument, pratique – je joue cette note. Elle permet d’entendre l’esquisse de la mélodie intérieure*.
Exécution : réalisation du chant intérieur à l’instrument. Elle se présente sous trois formes : le déchiffrage*, la répétition*, l’exécution experte*.
Exécution experte : atteindre un haut niveau d’habileté par le déploiement simultané de toutes ces compétences en les soutenants et en les subordonnants à la structure d’ensemble de la composition musicale. Elle nécessite la connaissance des groupements ou des patterns à grande échelle au sein de la musique, qui contrôlent l’exécution. Ensuite le contrôle hiérarchique est entretenu par des procédures extrêmement flexibles pour résoudre les problèmes locaux. L’expert est celui qui a les moyens de contrôler adéquatement sa propre exécution et de prendre une initiative corrective avant qu’il ne dévie trop grossièrement du projet.
Instrument : outil protéiforme que l’interprète a appris à utiliser au cours de ses années d’étude, vers lequel est dirigée la partition et par lequel le signe devient son mondain.
Interprétation mécanique : exécution qui présente toutes les caractéristiques requises par la partition –rythme, tempo, hauteur de note, nuances… mais sans expressivité, sans exprimer la mélodie intérieure. Elle s’oppose à l’interprétation vivante que nous chercherons à définir au fur et à mesure de notre travail de recherche.
Interprète : « bilingue » puisqu’il parle aussi bien la langue du compositeur dont il sait lire la partition, que celle de l’auditeur à qui il s’adresse par l’instrument, il permet le lien entre les deux. C’est le nœud essentiel de la situation communicationnelle de l’interprétation musicale.
Mélodie intérieure : Ligne complexe qui se dessine progressivement au fur et à mesure du travail de l’instrumentiste. Elle se présente d’abord sous forme d’esquisse lors du déchiffrage*, à ce moment-là elle est marquée par une certaine spontanéité, contient un ordre, un caractère, les premières bases sans pour autant se déployer pleinement. Ensuite elle fait l’objet d’un travail attentif à la table* ou avec instrument qui vient en déployer un sens et l’incarner. Corrélat intentionnelle du contenu de la partition, elle lui est structurellement identique tout en donnant plus : ce qui était prescrit dans la partition est actualisé dans la mélodie intérieure.
Oreille absolue : c’est l’aptitude que possèdent certains musiciens à reconnaître et déterminer le nom d’une ou plusieurs notes successives ou simultanées sans référence préalable, associée à cette capacité de discrimination fine des fréquences .
Répétition : travail herméneutique de l’instrumentiste qui consiste à travailler la partie au regard de l’ensemble, le tout au regard de la partie en répétant les cellules jusqu’à leur exécution correcte et à l’instauration d’un habitus.
Saisie conversionelle : transformation du donné visuel de la partition en donné auditif lors du déchiffrage* grâce à la capacité de lecture du texte obtenue par l’apprentissage du solfège.
Travail à la table : méthode qui consiste à étudier une partition indépendamment de l’instrument en mettant en place le rythme, la hauteur de note, les nuances, les phrasés etc.
Voix intérieure : à comprendre parallèlement à la voix naturelle bien qu’elle en soit dépendante, elle serait probablement unique pour chaque individu, colorée de manière particulière selon ce qu’il est, l’instrument donc il joue etc. et monodique puisqu’elle rend probablement compte de la ligne mélodique principale, d’un fil rouge plutôt que d’une harmonie complexe.